Anne-Laure SICARD

Anne-Laure Sicard a récemment créé son tout premier domaine, le Domaine du Mas Lasta. Mais ne vous y trompez pas : cette fille là a de la bouteille ! Après ses études d’ingénieure agronome, elle a mis en pratique la théorie au service de nombreux domaines viticoles à travers le monde. Forte de toutes ces riches expériences et de son goût pour relever les défis, elle a posé ses valises à Saint-Privat sous l’appellation Terrasses du Larzac.

Curieuse d’en savoir plus sur cette entreprenante intrépide et passionnée, Les Biches sont allées lui poser quelques questions. Elle nous raconte ici son parcours, ses projets, sa vie proche de la nature et l’amour de son métier.

Salut Anne-Laure, pourrais-tu te présenter ? Comment es tu tombé dans le vin ?

Je suis tombée dans le vin étant jeune, un peu comme Obélix, mon grand-oncle a un domaine à Vosne-Romanée et j’ai le souvenir de déguster quelques vieux millésimes bourguignons de 1927 pour l’anniversaire de ma grand-mère. A 14 ans je crois que je ne comprenais pas vraiment toute la rareté et l’élégance que pouvait contenir ce genre de flacon. Par contre j’ai toujours été passionnée par la flore, les plantes, la nature et ses végétaux. Travailler la vigne aujourd’hui est une évidence pour moi. J’ai décidé de m’orienter vers un cursus d’ingénieur agronome à Montpellier, sortie de ces années de théorie j’ai eu besoin de voir d’autres horizons et je suis partie à travers le monde en tant que « flying winemaker ». J’avais la « bougeotte » des jeunes et la soif de découvrir et de déguster les vins du monde entier. D’abord en je suis partie en Catalogne espagnole dans une grande bodega reconnue (Torres) puis en France à Château-Neuf du Pape au domaine de La Solitude puis à Pauillac au Château Latour puis en Australie dans le NSW dans une winery entre Camberra et Sydney (Lake George Winery), puis en Vallée du Rhône à Cornas (domaine Jean Luc Colombo), ensuite en Uruguay dans une bodega proche de Montevideo (Vino DeLucca), et enfin au Canada dans une winery sur la fameuse péninsule du Niagara (Hidden Bench Winery). J’ai ainsi pu faire 6 vendanges en 3 ans … Enchainer été, automne, hiver pendant 3 ans sans voir un seul printemps. Après ces nombreuses pérégrinations j’ai enfin retrouvé ce printemps tant attendu à Montpellier. Et j’ai découvert un lieu exceptionnel pour m’installer en tant que jeune vigneronne. A Saint-Privat, petit village médiéval accroché au Causse sur les hauteurs de l’appellation Terrasses du Larzac.

Explique-nous les origines et l’histoire de ton domaine et ses particularités ?

En 2015, je rencontre un viticulteur coopérateur aux portes de la retraite et sans repreneur. Le vignoble est magnifique, les parcelles sont en terrasses, les vignes sont ancestrales et je suis tombée sous le charme de ce paysage sauvage et rude. A Saint-Privat, les vignerons se comptent sur les doigts d’une seule main ! Il y a un siècle les moines ermites du Prieuré Saint Michel de Grandmont cultivaient ces terres d’altitude mais à leur disparition elles ont été abandonnées puis arrachées. Trop difficiles à travailler. Je suis de nature à relever les défis et j’ai tout de suite compris l’importance de cultiver ces terres, j’ai repris le vignoble sans matériel et sans cave fin 2015. Le Mas Lasta est né, « Lasta » en espéranto (clin d’oeil à mes divers voyages hipano-anglo-francophone) veut dire « dernières ». Ce sont les dernières vignes survivantes des campagnes de mécanisation, d’arrachages et surtout ce sont les vignes qui sont parmi les plus hautes de la région (500 m d’altitudes) adossées au causse larzac. 8 hectares, entrecoupés de bois de chênes blancs, entre quelques Lucquiers, parcourus par les sangliers, paysage des brebis Roquefort et zone d’installation des nouvelles meutes de loups. Pas vraiment accueillant pour une jeune femme vigneronne … Mais le Mas Lasta a trouvé sa place, les quelques habitants du village de Saint-Privat ont compris ma philosophie : le terroir et la préservation de sa splendeur. En 2016, je trouve une petite remise vigneronne pour vinifier les vins bio du Mas Lasta.

Le milieu du vin est à très grande majorité un milieu d’homme, être une femme te semble t il plus difficile ?

Personnellement je n’ai jamais ressenti de difficulté d’être une femme dans le métier de vigneronne, il arrive parfois que cela surprenne. Souvent les gens se demandent si les travaux à la vigne ne sont pas trop physiques pour moi. En réalité, je pense qu’ils le sont tout autant pour les hommes. Par contre il m’est arrivé de voir des anciens viticulteurs du village rester bouche bée lorsque je traverse le village au volant du tracteur. Je suis trentenaire et ma génération est assez sensibilisée sur la parité dans tous les métiers. Le Mas Lasta a l’avantage de ne pas être un domaine familial, par conséquent je ne dois pas suivre une lignée de vignerons masculins et faire ma place en tant que femme.

Quels sont les futurs projets pour le domaine ?

Plein !

D’abord obtenir le label bio, je suis en conversion depuis 3 ans. La vie est revenue dans le vignoble il suffit de s’y promener pendant quelques minutes pour s’en rendre compte. Je suis heureuse car il y a deux sources qui alimentent les villages en dessous et qui traversent le vignoble, elles sont maintenant très saines. Ensuite créer de nouvelles cuvées (c’est en cours, mais c’est un peu la surprise pour le millésime 2018 …. donc je garde le silence pour l’instant). Installer le Mas Lasta dans une cave plus grande (c’est aussi en cours). Planter des cépages que j’aime (c’est en cours aussi). Embaucher des jeunes motivés, désireux d’apprendre, combatifs et de préférence avec une sensibilité pour les bonnes choses. Faire venir un éleveur de brebis (il y a une bergerie abandonnée à côté du vignoble) pour échanger et tenter un projet d’agropastoralisme. Planter une amanderaie autour du vignoble pour fleurir la zone au début du printemps au grand plaisir l’apiculteur local (Julien Bourrette). Aller à Montréal pour rencontrer l’importateur du Mas Lasta là-bas et redécouvrir une ville magnifique que j’ai adorée lors de mon passage de « flying winemaker » en 2011.

Quelle est la cuvée dont tu es la plus fière et pourquoi ?

La réponse est évidente, Mas Lasta Terrasses du Larzac 2016. Le premier millésime du Mas Lasta, tant d’espoir, tant de travail, tant d’amour. C’est un vin que je reconnaitrais entre tous, il est la marque d’un commencement. Cette cuvée traduit le terroir magnifique des Terrasses du Larzac et de cette zone d’altitude de Saint-Privat. C’est fruité, c’est vif. Un vin d’altitude. Mais c’est concentré, c’est structuré. Un vin du Languedoc. J’aime à dire que c’est un vin d’altitude et d’âme languedocienne.

Est ce qu’on peut te rendre visite sur ton domaine ?

Oui bien sûr, vous me trouverez entre la vigne et la cave, il faut m’appeler avant pour être sûr de me trouver (tel:06.86.97.77.45) ou m’envoyer un mail (mas.lasta@yahoo.fr). Prévoyez une heure ou plus car je suis bavarde et je risque de vous faire déguster les vins bruts du millésime et/ou vous faire faire le tour des vignes.

Ou peut on trouver tes vins ?

– On line : Anne Laure Sicard – Mas Lasta – Buveur de vin

– A Montpellier: L’atelier de la Canourgue / Emmanuel, un caviste en or Place de la Canourgue au coeur de L’Écusson Montpelliérain.

– En banlieue montpelliéraine : La Cave Péché Divin / Fred un découvreur de talent ultra passionné qui organise plein de dégustations vigneronnes accompagnées le plus souvent de mets de grande qualité.

– A Pézenas : La Maison du Vin / Aurélien un  amoureux des vins d’exception qui connait chacun de ses vignerons par leur prénom.

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