GALERIE L’ABERRANTE
L’Aberrante, nouvelle galerie consacrée à la photographie au féminin, ouvre ses portes au Crès le 23 mars 2018 ! Un projet ambitieux : une galerie uniquement consacrée à l’exposition d’oeuvres de femmes photographes. Valérie Vernhet, à la base de cette intiative, se confie aux Biches sur les dessous de cette aventure…

Salut Valérie, parle-nous de ton parcours, de tes motivations… En somme, qui es-tu ?
J’ai été éducatrice spécialisée pendant 33 ans. Je suis passionnée d’art depuis bien longtemps et plus particulièrement par la photographie. Suite à un premier voyage en Italie, j’ai décidé de préparer une licence d’histoire de l’art sans objectif particulier à cette époque, si ce n’était de poursuivre l’effervescence procurée par l’Italie et ses musées. Et puis, l’envie de me consacrer à l’art, à la photo, s’est faite plus pressante. J’ai arrêté de travailler en tant qu’éducatrice spécialisée et j’ai commencé à réfléchir à un autre projet.
D’où t’es venue l’envie d’ouvrir une galerie ?
J’avais envie de partager mon intérêt pour la photo. L’envie de monter des expos, de rencontrer des artistes, de soutenir leur travail, de les faire connaître, d’accueillir du public. L’idée de galerie est apparue rapidement comme une évidence.
Qu’est-ce qui te différencie des autres galeries d’art ?
La Galerie l’Aberrante est une galerie associative spécialisée dans les photographes femmes, c’est la spécificité du lieu. De nombreuses photographes ont beaucoup de difficultés à trouver des lieux d’exposition. Elles sont sous-représentées en photo tout comme dans les autres domaines artistiques. Pour exemple, seulement 1/3 des prix photo sont attribués à des femmes, moins d’un tiers des photographes exposés durant les festivals sont des femmes. Pourtant, 60% des femmes détiennent un diplôme de l’image contre 40% d’hommes. Nous souhaitons donner davantage de visibilité à des artistes qui le méritent par la qualité de leurs travaux.
L’autre particularité de la galerie tient aux évènements qui accompagneront chaque exposition. Conférence, projection, danse, atelier d’écriture, lecture… seront l’occasion de poursuivre, d’approfondir les pistes ouvertes par les photos. Nous sommes plusieurs à travailler sur ce projet, dont Sophie Véricel qui est la Présidente de l’association et Yolande Jimenez qui assure la partie communication.
Pourquoi ce nom, « l’Aberrante » ?
Pourquoi l’Aberrante ? Il y a un peu de provocation dans ce choix. Si l’on prend la définition du Petit Robert, voilà ce que l’on trouve : « du latin aberrare « s’éloigner, s’écarter » Qui s’écarte du type normal. Qui s’écarte de la règle, se fourvoie, est contraire à la raison ». S’écarter du type normal, s’écarter de la règle, c’est bien ce que fait la galerie en faisant le choix d’exposer des photographes femmes (la règle d’usage étant qu’elles sont beaucoup moins exposées que les hommes). Contraires à la raison actuelle, nous ne nous fourvoyons pas pour autant. Nous nous écartons simplement du chemin tout tracé pour en prendre un autre. Aberrante… parfois , il faut l’être.

Comment sélectionnes-tu les artistes que tu exposes ?
J’ai passé beaucoup de temps à faire des recherches sur internet et j’ai eu la chance de découvrir le travail de Vanda Spengler. J’aime bien la manière donc je l’ai découverte. Je suis arrivée sur le site d’un festival qui présentait les photographes sélectionnés sans y trouver mon bonheur. Il donnait aussi la liste des photographes qui n’avaient pas été sélectionnés, et là les photos de Vanda Spengler ! Je l’ai contactée immédiatement. Je commence à recevoir des propositions d’artistes. Avec le temps, elles seront probablement plus nombreuses. Mais je vais continuer à explorer, j’aime beaucoup ça. Les sujets photographiques qui m’intéressent ont attrait à l’humain, son environnement, ses crises, ses rapports aux autres, sa place dans la société… Points de vue sociologiques, poétiques, politiques, militants.. Et puis le coup de coeur, l’enthousiasme vont avoir une grande place dans les choix que je ferai.
Penses-tu qu’il y a une véritable différence entre le fait d’être une artiste plutôt qu’un artiste ?
Oui, effectivement, il y a une grande différence entre être une artiste et un artiste. La différence ne tient pas à la qualité artistique, mais à la sous-exposition des femmes artistes. Les chiffres le montrent, des études sont faites. Il y a entre autres le bilan 2012-2017 de la SACD. Au mois de mai, nous aurons à la galerie, Marie Docher qui viendra nous présenter ses réflexions sur ce sujet. Je trouve très étonnant que cet état de fait soit encore contesté. La situation est compliquée pour tous les artistes, mais elle l’est encore davantage pour les femmes
L’ouverture est pour quelle date ?
L’ouverture sera le 23 mars, jour du vernissage de l’exposition « Blocs de chair » de Vanda Spengler.
Quel sera le sujet de la première exposition ? Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Il y sera question de corps, de chairs, d’êtres dégagés de toutes superficialités. énergie vitale, paradis perdus, solitude, altérité …
Comment les Biches peuvent-elles vous aider pour le lancement de ta galerie ?
Vous avez un réseau qui peut être intéressé par le projet et le programme de la galerie. En diffusant l’information, vous nous aiderez à faire connaitre ce nouveau lieu. Nous avons aussi lancé un kisskiss bankbank pour l’ouverture du lieu. Il est en cours, il se termine le 14 mars. J’espère que nous aurons aussi l’occasion d’échanger, autour de nos actions communes.
Un dernier mot ?
Un dernier, nous serons ravies d’accueillir les Biches pour le vernissage du 23 mars.

