LA FOLIE DU SAVANT FOU
Urbexovore, mon agengras ventripotent à deux dates de l’éventration commençait à crouler sous le poids des hypnothèses, autant de suppositions à dormir debout.
2017 était l’occasion de tourner la première page de l’alnanach, mon calendrier de biche exploratrice aventureuse et seductrice, et de repartir conquérir de nouveaux territoires, armée de mon scalpin et de ma boîte à magie noire sur les sentiers de février.
Au courant de tout, d’humeur électrique et parkanoïaque avec les températures frighorrifiques affichées au barbaromètre, le sang glacé après la découpe méticuleuse d’une énième cadastration, je tenais à vous écrire depuis les sombres profondeurs d’un terrier souterrain éclairé à la queue de rat, tellement plus insolite que l’agonie des chandelles éternelles!
Une once de whiskypedia plus loin dans mon café revigorant, je décidai de ne point choisir entre l’impulsion, la relativité et la raison. Adepte des sites aux secrets burnoclastes, autrement dit des spots casse-couilles à dénicher, je fis confiance à mon intuition sur fond de kawalcade, en avalant ma cafetière à la vitesse de la lumière et décidai de vous faire découvrir une perle rare de la culture locale très facile trouver.
De mon joyeux carnet bordel-line à la maison du Savant Fou, un artriste avant gardiste local hyper productif affligé par le gâchis et le gaspillage des temps modernes, il n’y avait qu’un pas.
Brique-colleur de son état, c’est en véritable monarchitecte que l’ingénieux érudit dont je tairai volontairement le renom érigea son royaume magnifisc. Il faut avouer que la propriété en impose!
Le souffle coupé par le cadre bucoolique du jardin rêvé pour un apéro champêtre dans un cadre digne d’un décor de film de Tim Burton, des papillons au creux du ventre, j’en avais l’abdomaine retourné par la beauté époustouflante et l’apanage luxuriant du lieu! Abasourdine, j’avais perdu la voix au milieu de ce pandorama où dans ce paysage atypique animé par une triomphante tétarade, la nénufanfare des futures grenouilles s’époumonant au milieu de la flore du bassin, tout n’est que superbe!
Héritier absurdoué d’un bout de v-ignoble parsemé lambruches, le génial inventeur du mélogramme et du désinvolt, unités de mesures respectives de l’émotion théâtrale et de l’absence de tension, était persuadé que sous les ingrates rocailles coulait la source du bonheur et avait décidé de tout chambouler sur un coup de tête et d’un coup de pioche. Adepte de la motarcie, il avait décrété que pour vivre dans la pleinitude il fallait se donner les moyens de n’avoir besoin de personne en Harley-Davidson!
Son Einsteinct ne le desservit point ! A une vingtaine de mètres de profondeur, la terre perdit les eaux, il en fit naître les fondements de l’oeuvre de toute sa vie.
De récup et de broc, son petit cabanon de l’époque devenu illustre demeure richement décorée n’a rien à envier aux semblables « folies » aristocratiques environnantes, bien moins surprenantes. Un puits, deux éoliennes, d’immenses galeries souterraines déservant des caves et une champignonière, une roue à aube, une dynamo automobile, des plancards aux tiroirs faits de bidons d’huile vides pour cacher ses brevets jamais déposés et même un périscope orientable permettant de surveiller les extérieurs depuis les entrailles du fief, une serre faite de pares-brise de voitures, des vitraux de bouteilles, le seigneur du recyclage avait pensé à tout. Jusqu’à une fosse qui part un jeu de miroirs permettait d’éclairer toute la maison volets fermés, l’assurance de garder l’esprit éclairé et conserver ses idées au frais en plein été !
Un joyau en décrépitude oublié à préserver, orné d’une biche aux yeux rubis qui vous accueille à l’entrée…