LE CHATEAU DE LA PRINCESSE VEINERIENNE
Erotographomaniaque, amoureuse du verbe haut et des escarpins, je suis fétichiste des mots-cassins aux châssis soutenant les performances bien ficelées. Inconditionnelle des belles lettres et autres bas de casse, résille ou coutures, l’heure d’été m’est venue de vous faire confidence de mes rocco-boulesques incartades extra-conjuguées en monarchie absolue.
En quelques sortes, l’arnachronique de folles fesses-tivités, le récit d’un traquenard historique où les orgies ordinaires bien arrosées sont autant de bacchanalités qui perdurent depuis la nuit des temps.
Reçue sous plis discret, l’étrange missive disait : « Si Maîtresse Waïkiki Biche aime la galette, il restera quelques miettes. Puisse sa sérénissime altesse me faire l’honneur de sa présence lors de la fête d’Epaphinie que j’orgasmise sise demain en mon Petit Palais des Têtes Décapitées au profit des Bourses Déshéritées ».
Je ne susse qui m’invitasse. Curieuse et pictophile calembourgeoise intriguée mais pas coincée, j’acceptai l’incitation à la débauche qui aurait fait pâlir de jalousie plus d’un attristocrate pleurant l’abolition de ses privilèges. Après tout, ne dit-on pas qu’au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ?
Tirée par un bel étalon, mon cocher soumis à mes exigences participant activement et avec dévouement à la rapidité de la cadence par de lestes coups de cravache, j’arrivai toutes choses aux pieds d’une véritable authentiquité, une édifiante demeure magnifisc du XVII ème siécle qui en impose !
Sitôt descendue de mon fiacre, je fus éblouie par l’immensité et la luxuriante lumi-aire cernant la résidence de mon « hot » dont j’ignorais tout de l’identité.
Je la vis battre pavillon du haut de son donjon et manquai de tomber en crise de drapeauplexie.
Flaqueillante, la bombe sulfureuse, explosive coquette-minute, se précipita aussitôt accompagnée de deux jeunes coqs sous pression, me prit par la main pour me guider en eaux troubles et me sussura : « Je suis la Princesse Veinérienne, bienvenue sur les rives inondées par ma source secrète, venez vous y désaltérer entre mes nymphes ». Le sexe dans le sang. À tâtons, je m’aventurai à lui répondre par la tripothèse :
« Si je puis me permettre votre Majesté, il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai point de tonneaux.
– Je suis fort aise de votre grande soif d’aventures ma chère, portons un toasticule en l’honneur de nos rois asservis !
– Dois-je voir là un message sublimanal ? m’enquéris-je.
– Une introuduction à bien des plaisirs inavoués ! » gémit-elle en tirant de ses crocs un coup sec sur sa laisse que je tenais fermement, j’avais respecté le dresse-corde.
Nous montâmes au septième ciel puis descendîmes un escalier hélicoïtal menant aux caves où se tenaient des albinoces, sorte mariages blancs échangistes prononcés par des femmes prêt(r)es à tout, puis dépassâmes un panneau sur lequel était écrit « Luxurinoirs ». Une indescente porte capitonnée, gardée par une femme à barbe vêtue d’un uniforme de servante, s’ouvrit soubretticement plus loin sur le sourire vertical violacé d’un nain déculotté, de qui un vieux porc groincheux s’était visiblement pris de baffection. Derrière les coups, on saucissonnait et suspendait par le membre unique qu’il lui restait un fût de jatte barriqué et rond comme un baril pour épater la mouletitude de novicieuses perverses et excitées. Un bas-fouilleur venu bégayer l’ambiance bredouillait en string à paillettes sur un sling de vinyle noir à un édile athée, qu’en fidèle régicidiviste de la saigneurie, il était venu tirer les rois. L’autre ne se fit pas prier, le menotta et le conduisit immédiatement dans un cachot au fond d’une crypte de la chapelle attenante.
Poilophobe, je fus alors présentée sur l’autel des damnations à un athlétique poiléphèbe champion olympique de la liévrette, position fétiche des chaudes lapines. Je lui passai la blague au doigt alors que l’on sanglait la Princesse Veinérienne baîllonnée sur une croix de Saint André et vous laisse l’intime bénéfice du doute quant aux suites possibles et inimaginables, intenses extases.
Après avoir ainsi visité dans la plus stricte sangsualité une cinquantaine d’alcôves, de loges, mansardes, salons et autres canfouines, et au moins autant de sexes à satisfaire et corriger, je retrouvai la Princesse Veinérienne dans son boudoir en train de consigner dans son scrotome la liquidation du patrimoine boursier de ses nocturnes convives.
L’heure m’était venue de pratiquer le sado-mado-schisme pur et dur en mettant un poing final au contrat tacite me liant à ses affres une dernière fois, le temps d’un profond soupir, d’une confession d’envies inavouées.