Pauline CHATIN
Le Pays de Cocagne est, dans l’imaginaire de certaines cultures européennes, une contrée miraculeuse dont la nature déborde de générosité pour ses habitants et ses hôtes !
C’est là toutes les caractéristiques du domaine viticole de Pauline Chatin, créatrice et gérante de Vigne de Cocagne, une vigne qu’elle cultive sur le Domaine de Mirabeau, au pied de la Gardiole. Engagée dans une agriculture biologique, l’équipe de Pauline travaille dans un respect fondamental de la nature, des sols et de l’air. Solidaire, elle œuvre également à la réinsertion professionnelle des personnes en difficultés d’emploi, par le biais de formations pratiques complètes, sur le domaine.
Rencontre avec cette vigneronne inspirante, qui depuis son domaine, travaille la vigne en défendant des valeurs de respect et de solidarité.

Salut Pauline, raconte-nous ton histoire ! Comment est née ta passion pour le vin ?
Bonjour les Biches ! Je suis petite-fille d’agriculteur : mon grand-père faisait des céréales et élevait des chevaux dans l’ouest de la France. Comme moi, toutes les filles de ma génération sont dans le vin. Me concernant, c’est un peu un hasard, la passion s’est transmise « à l’horizontal » par ma belle-sœur et ma sœur, toutes les deux œnologues. Après une première vie professionnelle en entreprise, j’ai passé en 2015 un BTS viticulteur-œnologue et me suis passionnée pour la vigne et le vin. Pour terminer mon diplôme, je suis allée vinifier avec Marie-Laurence et Elisabeth Saladin, du Domaine Saladin en Ardèche. Ce fut une très belle expérience auprès de deux supers vigneronnes !
L’année suivante, je suis allée faire un bout de vendanges à L’Olivera en Catalogne espagnole, une référence en matière d’agriculture sociale. Très vite, je me suis rendue compte que les vignerons avaient des difficultés à recruter localement, alors que parallèlement d’autres personnes cherchaient un emploi et un métier qui avait du sens. Au même moment, j’ai rencontré le Réseau Cocagne qui, depuis plus de 25 ans, crée et développe des structures d’insertion par l’agriculture. Je m’y suis jointe, et l’idée de « Vigne de Cocagne » est née !
Puis, en 2016, quand j’ai découvert le domaine de Mirabeau au pied de la Gardiole, j’ai tout de suite su que c’était le lieu rêvé pour monter ce projet. J’ai alors mis toute mon énergie à convaincre des partenaires de rejoindre l’aventure et de la rendre possible. Aujourd’hui, Jean Charles (qui m’a rejoint dès le début) m’accompagne, et nous formons trois personnes (Céline, Abdel et Alexandre) à toutes les étapes de la production, du cep à la bouteille. Notre défi : leur transmettre notre savoir-faire et notre passion du métier.
Explique-nous les origines et l’histoire de ton domaine et ses particularités ?
Le Domaine de Mirabeau est situé au pied de la Gardiole, massif protégé et réservoir de biodiversité qui s’étend de Montpellier à Sète. Nos sept hectares de vignes sont entourées de garrigue, de pins et d’oliviers. Le Domaine de Mirabeau a été menacé par un projet de décharge. Les fabréguois, qui sont très attachés à La Gardiole et au Domaine de Mirabeau, se sont mobilisés contre ce projet. Finalement, c’est la commune qui a fini par racheter le domaine pour le protéger. Aujourd’hui, elle nous met à disposition les vignes à travers une fermage. Mais elle a aussi relancé une super dynamique, en lien avec le Conservatoire d’Espaces Naturels, pour faire revivre le Domaine de Mirabeau autour de l’agroécologie. Dès notre arrivée, nous avons lancé la conversion des vignes et des oliviers en agriculture biologique. En 2020, nous serons certifiés bio !

Le milieu du vin est en grande majorité assuré par des hommes. Etre une femme te semble-t-il plus difficile ?
Pas vraiment. Je pense même que cela m’a donné de la visibilité d’être une femme dans deux domaines traditionnellement masculins (la viticulture et l’insertion).
Quels sont les futurs projets pour le domaine ?
Nous en avons en pagaille !
Coté vignes : Nous venons de replanter 2,5 hectares de cépages blancs (vermentino, grenache blanc et gris, piquepoul, terret et bourboulenc). Des cépages méditerranéens, adaptés à notre climat pour vinifier un joli vin blanc, à déguster dans 3 ans !
Et l’année prochaine, nous replantons des rouges (grenache, syrah, mourvèdre et encore du cinsault !) Nous allons aussi replanter des haies sur toutes ces parcelles pour favoriser la biodiversité dans nos vignes.
Coté cave : nous remettons en état l’ancienne cave du domaine pour les prochaines vinifications. Nous venons de commencer les travaux. Le compte à rebours est lancé … et nous y croyons ! Pour nos premières vendanges (2018), nous avons été accueillis par nos voisins, le Domaine de Terre Mégère. Un bel exemple de solidarité vigneronne !
Sur le Domaine de Mirabeau / autour de l’agroécologie : nous redonnons progressivement vie au mas de Mirabeau en lui rendant sa vocation première : un mas en polyculture associant agriculture et biodiversité. D’ici peu, un éleveur et un maraicher viendront s’installer sur le domaine et nous allons essayer de mutualiser un maximum de choses. Nous rêvons déjà de moutons qui pâturent dans les vignes l’hiver, d’un point de vente partagé et d’une guinguette en été !
Quelle est la cuvée dont tu es la plus fière et pourquoi ?
Notre Rouge de Cocagne, un 100% cinsault. Nous avons 4,5 hectares de cinsault au Domaine de Mirabeau et je pense que ce cépage devrait devenir notre fil rouge (et c’est déjà notre chouchou ! ) C’est un vin croquant et explosif, joyeux et généreux à l’image de l’équipe Vigne de Cocagne ! Pour mettre en avant sa très belle couleur, nous l’avons mis dans des bouteilles transparentes, atypique pour un rouge, mais c’était trop tentant et le résultat nous plait beaucoup !
Est ce qu’on peut te rendre visite sur ton domaine ?
Oui bien sûr ! Pour le moment, il est d’abord preferable de nous envoyer un email ou de nous appeler, pour être sûr qu’on sera là pour vous accueillir : bonjour@vignedecocagne.fr ou au 09 87 09 07 75.
Ou peut on trouver tes vins ?
A Montpellier : à l’épicerie Folle Avoine aux Beaux-arts et au Marché Local dans la rue du Bras de fer au cœur de l’Ecusson. Mais aussi en commande directe via La Ruche qui dit oui Montpellier – Avenue de Toulouse – The Island Et bientôt à La Louve à Paris et d’autres points de vente à venir !
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