JULIE KARSTEN

Il y a quelques temps nous avons fait la connaissance de Julie Karsten, vigneronne passionnée, dynamique et engagée, qui cultive ses vignes depuis son domaine à Castillon-du-Gard, à bonne dose d’huile de coude.

Fière de défendre une agriculture 100% biologique, Julie a accepté de nous parler de sa passion et nous dévoile un bout de son quotidien sur ses terres, où elle y travaille au plus proche de la nature, en famille et entre amis, dans un profond respect de l’environnement.

Salut julie, pourrais-tu te présenter ? Comment es tu tombé dans le vin ?

Je m’appelle Julie, j’ai 38 ans et je suis vigneronne. Née aux Pays-Bas près d’Amsterdam d’un papa hollandais et d’une maman française, je suis arrivée en France à l’âge de 6ans, à Avignon, où j’ai grandi dans une famille recomposée avec 4 frères et sœurs. Nos parents, ex soixante-huitards et écolos de la première heure, m’ont transmis l’amour et le respect de la nature. Le bac en poche, je suis ensuite partie à Montpellier faire des études de psychologie jusqu’en maitrise, que j’ai planté deux fois par manque de motivation. Il faut dire que j’étais bien plus fêtarde que studieuse ! J’étais partie pour la tripler au moment où je me suis enfin rendue compte que la psycho n’était vraiment pas faite pour moi. Quelques années passées à faire des boulots alimentaires, j’avais toujours dans un coin de ma tête l’envie un jour d’être vigneronne (mon beau-père Pierre, le mari de ma mère, était déjà vigneron) mais je me disais que je ferai ça «quand je serais grande» ! A 28 ans, ça y est je me suis lancée dans l’aventure : retour au bercail à Castillon-du-Gard, là où je vis et travaille actuellement depuis sur le domaine familial avec beau-papa. Sans aucune formation viti-oeno, j’ai tout appris sur le tas, à la vigne comme à la cave, mais aussi la vie du paysan… Je n’ai pas pour autant quitté complètement la vie citadine, puisque je partage mon temps libre entre ici et Montpellier, où se trouve ma deuxième maison.

Explique nous les origines et l’histoire de ton domaine et ses particularités ?

Mon domaine est encore un petit jeune puisqu’il est né il y a 25 ans. C’est Pierre et ma mère qui l’ont créée en 1993 en achetant 3 hectares. Il a depuis grandi au fil des années : quelques hectares de plus de-ci de-là en fonction des finances, une cave qu’on a construite tous seuls de nos petites mains avec Pierre, en système D (car il est difficile de faire tout d’un coup lorsque l’on part de rien et sans un sous) ! Aujourd’hui, il se compose d’une dizaine d’hectares principalement en AOP Côtes du Rhône, logiquement en agriculture biologique, le respect de la Terre étant une évidence pour nous tous. Ce n’est pas juste un domaine, c’est un lieu de vie : un potager en permaculture qui nous permet d’être quasi en auto-suffisance pour les légumes, le petit frère apiculteur et ses abeilles, les poules , Ubaye mon cheval de trait avec qui je travaille dans les vignes lorsque j’ai un peu de temps, Mousse le cochon , les chiens et les chats… Il y’ en a du monde ici ! Pour le plus grand plaisir des petits et des grands qui ont gardé une âme d’enfant ! Pierre étant proche de la retraite, je crée depuis deux ans mes propres cuvées en parallèle de celles du domaine familial, des cuvées à mon image.

Le milieu du vin est à très grande majorité un milieu d’homme, être une femme te semble t il plus difficile ?

Il est vrai que le milieu du vin est à grande majorité masculin et être prise au sérieux est parfois difficile, même si les mentalités commencent à changer. On pense d’ailleurs souvent que je suis vigneronne parce que je suis mariée à un vigneron (j’entends souvent « il est où le mari ? » ce qui me fait doucement rire ou m’agace particulièrement, tout dépend de mon humeur!). On m’imagine plutôt derrière un bureau à effectuer les tâches administratives (ce que je déteste) et à tenir le caveau de vente. Que nenni ! Ma deuxième voiture est un tracteur, je manie la pioche mieux que personne, je taille la vigne en hiver en plein mistral, je fais le vin, je le décuve, bref je fais tout « comme un homme » ! Après être une femme est aussi un avantage, car il y a peu de femmes vigneronnes donc quand il s’agit d’aller vendre son vin, je pense que c’est plus facile, les gens aiment ça.

Quels sont les futurs projets pour le domaine ?

Mon domaine est encore en devenir, il y a encore tant de choses à faire ! Dans les années qui viennent je vais devoir agrandir la cave. Je veux aussi planter des raisins blancs car pour l’instant je ne fais que du rouge et du rosé. J’ai aussi l’envie de planter d’autres choses que de la vigne, je ne souhaite pas rester en monoculture, car avec le réchauffement climatique, les récoltes sont trop incertaines (demie-récolte en 2017 et en 2018). Je pense qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier, et puis faire pousser d’autres choses c’est aussi un nouveau challenge et l’occasion d’apprendre encore ! J’ai entre autres le projet de planter des céréales et de faire pousser du houblon pour faire de la bière. Cultiver soi-même, récolter puis transformer, c’est ce que j’aime faire. J’ai aussi l’envie de créer des événements à partir de l’été prochain au domaine, quelques soirées en mode guinguette où l’on mangerait de bonnes petites choses en buvant des canons et en écoutant du bon son (avec dj vieille bique) : un jardin extraordinaire au milieu des vignes (merci maman et sa main verte) le lieu se prête à ça, je dois le faire.

Quelle est la cuvée dont tu es la plus fière et pourquoi ?

Difficile de dire de laquelle de mes cuvées je suis la plus fière, mais puisqu’il faut en choisir une je dirais que c’est « Kaboom », ma syrah sans sulfites ajoutés. J’ai des doses de sulfites déjà très basses pour mes autres cuvées (bien plus basses que doses les limites imposées par l’agriculture biologique) j’essaie d’en mettre le moins possible, mais en faire une sans sulfites a été un cap à franchir. Lorsqu’on fait du vin sans sulfites on prend des risques : sans conservateur, le vin n’est plus protégé. Si on ne fait pas bien les choses, ça peut mal se passer. C’est la porte ouverte aux déviances aromatiques et on peut aller jusqu’à perdre la cuve. 2018 est le 3ème millésime pour Kaboom. Il est d’ailleurs presque fini, les raisins ont été ramassés avec les copains début septembre, il a été décuvé depuis et est entrain de finir tranquillement sa fermentation malo-lactique. Je le trouve encore meilleur que celui de l’année dernière : c’est une petite bombe de fruits, donc oui, j’en suis fière !

Est ce qu’on peut te rendre visite sur ton domaine ?

Oui, il est bien sûr possible de venir au domaine mais sur rendez-vous, car comme vous le savez je ne suis pas sur ma chaise derrière mon bureau, mais dans les vignes !

Ou peut on trouver tes vins ?

On peut trouver mes vins dans la région d’Uzès, chez pas mal de resto et cavistes, à Paris aussi, difficile de faire une liste ! Sur Montpellier, l’atelier de la Canourgue propose une partie de mes cuvées.

Les liens utiles !

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2 Responses to JULIE KARSTEN

  1. Jean-Philippe ROSSIER

    …..eh ben….dis-donc…..qu’est-ce qu’on attend pour aller faire une visite dans ce petit paradis….!? On amène du gruyère , de l’étivaz , du pain frais et des olives……. on trouvera bien une ou deux flacons sur place……
    ….oups….!! bien sûr on prend contact avant….!!

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